22 May 2020

12 min - lecture

women of ubisoft

Les femmes d'Ubisoft – Emmeline Biscay

Emmeline Biscay, depuis peu nommée directrice des données d'Ubisoft, travaille dans l'entreprise depuis 25 ans. Durant cette période, elle a aidé Ubisoft à passer d'une entreprise privée de 100 employés à une entreprise internationale cotée en bourse employant plus de 17 000 personnes. Que ce soit en tant que directrice de la planification financière ou directrice des systèmes d'information, Emmeline a orienté le développement d'équipes et d'outils efficaces qui ont favorisé la croissance d'Ubisoft dans une industrie en évolution rapide. C'est tout un parcours pour une femme qui a d'abord présenté sa candidature pour perfectionner sa présentation en entrevue!

[UN] [News] Women of Ubisoft – Emmeline Biscay - thumb

Une discussion et 25 années plus tard, nous avons retrouvé Emmeline pour en apprendre plus sur son parcours chez Ubisoft et le pouvoir combiné des données et de la créativité.

Parlez-nous un peu de vous. Où avez-vous grandi? Comment vos expériences ont-elles contribué à faire de vous la femme que vous êtes?

Emmeline Biscay : Mon père était ingénieur dans l'industrie pétrolière, et ma famille déménageait assez souvent. Je suis née à Buenos Aires, en Argentine, et après un court séjour là-bas, ma famille est partie à Caracas, au Venezuela, où j'ai vécu jusqu'à l'âge de six ans. Après le Venezuela, nous avons passé plusieurs années à Londres avant de finalement nous installer à Paris, où je vis depuis. J'ai commencé ma vie à l'étranger, et c'était vraiment une expérience formidable, car ce n'était pas très courant dans les années 70. Il n'y avait pas de messagerie instantanée, Internet n'existait pas; nous écrivions des lettres à nos grands-parents. Ça m'a beaucoup appris sur l'importance de comprendre les autres cultures et de faire preuve d'ouverture face à différentes manières de vivre, en plus de me donner de bonnes bases en espagnol et en anglais.

[UN] [News] Women of Ubisoft – Emmeline Biscay - console-La première console d'Emmeline, une Nintendo Game and Watch.

Comment avez-vous fait votre chemin vers Ubisoft?

EB : J'étais assez introvertie; j'aimais beaucoup les livres et le dessin. Quand j'ai commencé mes études, je ne savais pas exactement ce que je voulais faire, mais je savais que je voulais travailler dans un environnement créatif. Je n'avais pas pensé aux jeux vidéo, même si je jouais à des jeux sur l'Apple II comme Karateka et Prince of Persia de Jordan Mechner, ou Another World, de Delphine Software, que j'adorais.

En 1994, je sortais de l'école de commerce et je cherchais un emploi dans une société de production de films ou de musique, une salle de spectacle, un musée... C'était la première fois que je cherchais un emploi, alors j'ai décidé d'envoyer une ronde de candidatures d'entraînement pour faire des pratiques d'entrevue avant de tenter ma chance pour les postes que je voulais vraiment. Ubisoft, qui était à l'époque une petite entreprise de distribution, était dans le lot.

"Si on regarde les données, il est évident que notre industrie a beaucoup de chemin à faire en matière de diversité et d'inclusion."

Alors, pourquoi avoir choisi Ubisoft?

EB : Quand j'ai fait l'entrevue avec Gérard Guillemot (le cofondateur d'Ubisoft), ça a vraiment cliqué. Gérard orientait la vision éditoriale du studio et définissait le type de jeux que nous voulions développer. Il m'a demandé si je souhaitais visiter le bureau, et quand j'ai vu sur le plancher des artistes qui dessinaient et créaient Rayman, j'ai su que j'étais à ma place.

Le poste demandait une grande polyvalence. À l'époque, l'entreprise était très petite; nous étions principalement un distributeur et un éditeur. C'étaient les débuts du développement de jeux chez Ubisoft, juste avant la sortie de Rayman. Il n'y avait pas d'équipe de communications interne, pas de ressources humaines, pas d'équipe de planification financière. Je contribuais au recrutement, aux contrats, au contrôle des coûts, j'aidais Gérard avec les communications. C'était passionnant parce que je pouvais essayer toutes sortes de choses.

Comment s'est passée votre évolution du poste d'assistante de Gérard Guillemot à celui de directrice des données?

EB : Ubisoft est entrée en bourse quelques années seulement après mon arrivée, et c'était une grosse étape pour l'entreprise. Cela signifiait que nous devions améliorer la structure et commencer à créer des postes plus formels. Je suis passée à la planification financière, j'ai évolué dans ce rôle et fait grandir le service. J'ai participé à l'ouverture de nos grands studios de Montréal et Shanghai et j'ai beaucoup voyagé pour organiser les finances de l'ensemble de l'entreprise. Après plusieurs années, je suis devenue la directrice de la planification financière d'Ubisoft.

C'était la fin des années 90, et nous avons réalisé qu'il était temps de moderniser notre système d'outils financiers et de passer au numérique. C'était une époque de grands changements chez Ubisoft, avec la sortie de grands succès comme Splinter Cell, Prince of Persia ou Assassin's Creed et l'expansion continue de nos studios. En partenariat avec le service des TI, mon équipe a soutenu le déploiement de systèmes financiers mieux adaptés et extensibles.

Une décennie plus tard, je cherchais un nouveau défi, et Ubisoft avait besoin d'un directeur des systèmes d'information (CIO). Le moment était idéal, notre PDG, Yves Guillemot, m'a donc offert ce poste en 2008. En tant que CIO, je supervisais nos équipes des TI dans le monde. Tous les joueurs et tous les membres des équipes ont besoin du soutien du service des TI. Il fournit des outils, des services et de l'assistance essentiels et travaille avec tous les studios pour veiller à ce que nous collaborions dans un environnement efficace, sécuritaire et sécurisé. Je me suis consacrée à bâtir ces équipes, à renforcer leur expertise et à faire en sorte que nous ayons une structure internationale agile en place pour être parmi les meilleurs. Nos équipes des TI sont essentielles au succès d'Ubisoft. Par exemple, lors des événements récents entourant la COVID-19, elles ont joué un rôle crucial pour permettre à toutes nos équipes de continuer à créer des jeux tout en restant en sécurité à la maison.

Après 12 ans comme CIO, j'ai repéré une nouvelle occasion d'apprendre et d'évoluer. Dans les dernières années, les données sont devenues de plus en plus importantes pour l'industrie et Ubisoft. Avec Yves et d'autres experts à l'interne, j'ai relevé un besoin croissant d'approfondir notre stratégie en matière de données et d'harmoniser le travail des équipes à travers le monde. J'adore les domaines analytiques. J'aime structurer, organiser et étudier la complexité. Je crois fermement que les données, lorsqu'elles sont bien utilisées, peuvent nous aider à offrir la meilleure expérience aux joueurs et la meilleure rétroaction aux équipes. Ces discussions ont fini par me mener à mon plus récent poste, celui de directrice des données.

"La créativité est très importante, et les données sont un outil qui vient compléter et inspirer la créativité."

Quel est le rôle d'une directrice des données?

EB : Ubisoft a fait d'énormes progrès dans la création d'équipes d'experts en analyse et d'outils qui tirent le meilleur parti des données. Mon rôle, c'est d'être la partenaire principale de ces équipes et de m'assurer que nous utilisons les données pour créer des expériences encore plus enrichissantes et gratifiantes pour les joueurs. Cela se fait de plusieurs façons. Les données peuvent servir à mieux comprendre les joueurs afin d'améliorer leur expérience avec nos jeux et nos services, ou encore à prendre les bonnes décisions d'affaires et à orienter notre stratégie à long terme. Une grande partie de mon rôle sera de faire en sorte que nous allions tous dans la même direction et que nous partagions les pratiques exemplaires pour transformer les données en véritables atouts qui inspirent encore davantage nos équipes et qui récompensent nos joueurs. Je dirigerai un programme global dans l'entreprise sur l'accessibilité, le partage et l'utilisation responsable des données.

Je vais aussi me concentrer sur la manière d'exploiter au mieux les données et collaborer étroitement avec notre directeur de la protection des données et son équipe pour faire en sorte que la protection de la vie privée des joueurs demeure notre priorité. Nous avons un large réseau d'experts en protection des données partout dans le monde qui travaillent avec les équipes d'Ubisoft pour s'assurer que nous prenons les bonnes décisions et que nous sommes conformes à tous les niveaux. Un des grands changements de ces dernières années a été l'adoption du RGPD, un règlement européen qui propose les normes les plus strictes au monde en matière de confidentialité et de protection des données, et que nous appliquons de manière proactive sur tous les marchés. La transparence est essentielle; nous voulons qu'il soit facile pour les joueurs de consulter, de gérer et de récupérer leurs données personnelles. Par exemple, sur leur compte utilisateur, ils peuvent voir toutes les données et informations personnelles qu'ils ont partagées avec Ubisoft, arrêter de les partager, ou même tout supprimer.

Je crois que beaucoup de gens voient les données et l'analyse comme étant à l'opposé de la créativité. Qu'est-ce qui les unit, d'après vous?

EB : Je dis toujours que les décisions sont « influencées par les données » plutôt que déterminées par celles-ci, parce que ce sont tout de même les gens qui font les choix. La créativité est très importante, et les données sont un outil qui la complète et l'inspire. On ne peut pas être créatif sans connaissances, et c'est là que les données entrent en jeu. On peut transformer des données brutes en informations qui viennent nourrir la vision derrière l'idée qu'on souhaite concrétiser. C'est la même chose dans la vie de tous les jours, on utilise beaucoup les données. Elles influencent, sans déterminer, les choix que nous faisons.

Peu de gens sont dans la même entreprise depuis 25 ans. Qu'est-ce qui stimule votre passion et votre engagement après tout ce temps?

EB : Je sais que je n'arrête pas de le répéter, mais c'est l'imagination des gens qui m'entourent. Le mélange de technologie et de créativité peut être explosif et engendrer régulièrement de nouveaux défis. Je suis toujours surprise de ce qu'on peut accomplir avec ces deux piliers.

De plus, Ubisoft a beaucoup grandi dans les 25 dernières années, m'offrant de nouvelles possibilités et des défis année après année. Quand je suis arrivée, nous avions 100 employés; maintenant, nous en avons plus de 17 000. Nous avons pris de l'envergure, mais nos valeurs demeurent les mêmes; c'est toujours une entreprise créative et axée sur les gens. J'ai l'impression d'avoir passé ma carrière dans dix entreprises différentes partageant le même ADN.

Au fil de cette croissance de 100 à 17 000 employés, quel a été le moment, à l'interne, où Ubisoft s'est vraiment fait un nom?

EB : Quand j'ai commencé, Ubisoft était déjà bien connue dans l'industrie du jeu. Tout de même, l'entrée en bourse a été un grand moment parce que nous l'avons réalisée rapidement et avec succès. Ça a soudainement fait connaître Ubisoft en dehors du monde du jeu vidéo. Ensuite, notre croissance a suivi le lancement de jeux populaires comme Rayman, Splinter Cell, Assassin's Creed et The Division. Chaque fois que nous sortions un jeu qui provoquait une réaction, nous passions au niveau supérieur. Au fil des ans, j'ai aussi constaté la résilience d'Ubisoft, par exemple quand nous nous sommes battus pour notre indépendance il y a quelques années. Dans les périodes difficiles, la persévérance de tous se démarque. Quand nous voulons faire quelque chose, rien ne nous arrête.

"J'ai l'impression d'avoir passé ma carrière dans dix entreprises différentes partageant le même ADN."

Est-ce qu'il y avait une grande disparité entre les sexes dans le jeu vidéo, il y a 25 ans?

EB : Je n'ai pas du tout tenu compte de la répartition hommes-femmes quand j'ai rejoint Ubisoft. Je jouais moi-même à plein de jeux, et je n'avais pas l'impression qu'ils ne s'adressaient qu'aux hommes.

Tout au long de ma carrière, j'ai toujours eu le sentiment de bénéficier des mêmes possibilités et du même traitement que mes homologues masculins. Mais c'est seulement mon expérience, et si on regarde les données, il est évident que notre industrie a beaucoup de chemin à faire en matière de diversité et d'inclusion. Je suis fière d'être une femme dans un poste de haute direction, et c'est important qu'on continue à attirer davantage de femmes talentueuses dans notre industrie, tout en leur offrant des occasions de perfectionnement qui les préparent à réussir. Je sais déjà que dans mon nouveau rôle, les données seront un outil crucial pour orienter les initiatives en matière de diversité et évaluer leur succès.

Y a-t-il quelque chose que vous auriez aimé savoir quand vous avez commencé?

EB : C'est une question difficile (rires). Je dirais non, rien. Je n'ai aucun regret. Quand on est jeune, c'est normal de ne pas tout savoir. L'apprentissage fait partie de la vie. Je trouve important de toujours m'améliorer; chaque succès et chaque échec contribuent à cette progression. J'aime découvrir en cours de route. Pour moi, apprendre est absolument essentiel.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui veut faire ce que vous faites?

EB : Prenez le temps d'écouter, de discuter et de comprendre avant de tirer des conclusions. Il peut être facile de lire des données et de déduire tout de suite ce qu'il faut en retenir, mais essayez de comprendre le « pourquoi ». En cherchant plus loin et en posant des questions, on finit par mieux comprendre. Les choses sont souvent plus complexes qu'elles ne le paraissent au premier regard.

Pour lire d'autres entrevues comme celle-ci, consultez nos autres portraits de la série Les femmes d'Ubisoft.

Plus de Ubisoft

7 March 20243 min - lecture

Valiant Hearts: Coming Home and Valiant Hearts: The Collection Out Now for PlayStation, Xbox, Switch and PC

The collection, which includes both The Great War and Coming Home, tells the stories of people in World War I.

En lire plus
18 January 20245 min - lecture

Prince of Persia: The Lost Crown Out Now

Dive into Sargon’s adventure through a time-cursed mythological world starting today.

En lire plus
15 January 20245 min - lecture

Ubisoft+ évolue : Voici ce qui vous attend

Aujourd'hui, parallèlement au début de l'accès anticipé à Prince of Persia: The Lost Crown sur Ubisoft+, les offres d'abonnement Ubisoft changent de nom.

En lire plus
2 November 20234 min - lecture

Ubisoft au Service de l'Éducation : L'Exemple des Micro-Folies

Depuis 2021, Ubisoft collabore avec les Micros-Folies, mettant des contenus numériques au service de la démocratisation de la culture.

En lire plus