Focus sur le groupe-ressource d’employé·e·s Black Employees At Ubisoft

Ubisoft s'engage à créer un lieu de travail plus accueillant et inclusif. Cet engagement consiste notamment à s'assurer que les employés éprouve un sentiment d'appartenance. Les groupes-ressources d'employés (GRE) jouent un rôle clé dans cet engagement. Ces groupes, dirigés par des employés et soutenus par Ubisoft, proposent des programmes très variés. Ils peuvent aussi bien proposer des activités de développement professionnel que des événements communautaires. L'un de ces groupes-ressources d'employés est le B.E.A.U. (Black Employees At Ubisoft). La directrice du marketing pour les partenaires, Temi Lane, la directrice principale de la gestion de la chaîne logistique, Josiane Valverde et la responsable administrative Felesha Anderson ont fondé le B.E.A.U. en 2020. Temi Lane a accepté de nous rencontrer afin de nous raconter l'histoire de la création du B.E.A.U., de nous parler de l'importance du groupe pour ses membres et de l'intérêt des GRE pour Ubisoft en général.

Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est exactement le B.E.A.U. et comment il a été créé ?

Temi Lane : B.E.A.U. est l'acronyme de Black Employees at Ubisoft (employés noirs d'Ubisoft). Il s'agit d'un groupe-ressource d'employés à l'échelle internationale. J'ai rejoint Ubisoft en juillet 2020, juste après le mouvement social qui s'est produit après le meurtre de George Floyd, et je cherchais à tisser des liens avec d'autres employés noirs. J'ai naïvement demandé autour de moi : "Où se trouve le groupe-ressource d'employés noirs ? J'adorerais y participer, notamment en tant qu'employée à distance", et je me suis rendu compte que nous n'en avions pas.

Le 26 août 2020, j'ai organisé une séance d'écoute informelle avec environ 12 collègues noirs que j'avais déjà rencontrés. La discussion fut vraiment dure, mais très enrichissante. Nous nous sommes rendu compte que nous vivions beaucoup de choses très difficiles et que nous ne savions pas vraiment comment les aborder au travail. Josiane et Felesha m'ont rejointe et nous avons créé un groupe de discussion basé aux États-Unis peu après. Nous avons donc commencé à nous réunir deux fois par mois et nous avons constaté que c'était un excellent moyen de se retrouver et de discuter dans un cadre rassurant.

Peu après la création du groupe, nous avons commencé à développer notre réseau à l'échelle mondiale. J'ai fait la connaissance de Leon Winkler, d'Amsterdam, et de Kurston Timothy, de Toronto, qui ont lancé la soirée de réseautage Black Game Pros Mixer (BGP) à l'E3 en 2019. La BGP a pour objectif de rassembler les professionnels noirs de l'industrie du jeu vidéo. Ses membres ont organisé plusieurs rencontres virtuelles et en personne pour les professionnels noirs, tant au sein qu'en dehors d'Ubisoft. Nous avons remarqué qu'il y avait des similitudes dans notre travail et nous avons jeté les bases de ce qui est maintenant un GRE mondial.

Vous avez rejoint Ubisoft en juillet 2020 et avez créé un GRE un mois plus tard. La direction de l'organisation demande beaucoup de temps et d'énergie, mais ne fait pas partie de votre fiche de poste. Pourquoi avez-vous tenu à le faire ?

TL : J'ai toujours trouvé important de développer une communauté avec mes collègues, mais parfois, en tant qu'employé.e sous-représenté.e, il peut être difficile de trouver sa place, surtout en travaillant à distance. En ce qui me concerne, j'ai consacré beaucoup d'efforts au GRE parce que l'objectif global du groupe me tient à cœur. Le B.E.A.U. ne cherche pas seulement à créer une communauté. Il s'agit aussi de donner une voix aux collaborateurs et collaboratrices noir.e.s d'Ubisoft et de promouvoir le changement. J'aimerais pouvoir entrer dans une entreprise comme Ubisoft et voir davantage de personnes qui me ressemblent. Travailler au sein du GRE est une façon d'incarner le changement que je veux voir.

Quels types de programmes le B.E.A.U. a-t-il mis en place pour ses membres, quelles actions a-t-il menées et quelles sont ses ambitions ?

TL : Nous avons commencé par tisser des liens les uns avec les autres. Nous nous réunissons deux fois par mois pour parler de nos vies, du déroulement de notre carrière, ou pour discuter des défis et des obstacles que nous rencontrons dans notre vie professionnelle. Nous essayons également de nous amuser tous ensemble, mais nous avons dû faire preuve de créativité, car tout le monde travaille à distance. Nous avons organisé un visionnage à distance de Un prince à New York 2 et nous avons envoyé à chacun une carte cadeau pour le repas. C'était incroyable d'être en compagnie de tout le monde, de rire un peu et de partager le repas à distance.

En ce qui concerne les programmes que nous avons mis en place jusqu'à présent, nous privilégions la formation et la sensibilisation aux aspects culturels. L'année dernière, à l'occasion du mois de l'histoire des Noirs, nous avons invité une consultante diversité, le Dr Ella Washington, qui nous a présenté une vue d'ensemble du mois de l'histoire des Noirs et nous a expliqué pourquoi la diversité et l'inclusion sont importantes. Nous avons également organisé un événement sur le thème du Juneteenth, ou jour de l'Émancipation, avec Tyree Boyd-Pates, conservateur de musée et historien, pour sensibiliser l'entreprise à l'importance de cette fête.

En dehors d'Ubisoft, nous avons établi un partenariat communautaire avec SF Achievers. Il s'agit d'un organisme à but non lucratif qui soutient les jeunes hommes afro-américains de la San Francisco Unified School en leur offrant des bourses d'études universitaires, une formation au leadership et un programme de mentorat. Nous avons demandé à plusieurs membres du GRE de parler de leur travail dans l'industrie du jeu vidéo afin de faire connaître la représentation des professionnels noirs dans ce secteur. Nous avons également établi un partenariat avec des collaborateurs d'Ubisoft, par l'intermédiaire de notre comité de marketing interne contre le racisme, afin qu'ils mettent à disposition bénévolement des conseils sur leur site web et leurs réseaux sociaux.

D'un point de vue global, comment percevez-vous le rôle des GRE dans une entreprise comme Ubisoft ? Pourquoi est-ce important pour les entreprises de les développer ?

TL : Du point de vue des ressources humaines, l'existence de GRE contribue à créer un sentiment d'appartenance à l'entreprise pour les groupes sous-représentés. Ce sentiment permet aux employés de se sentir inclus, ce qui peut favoriser la fidélisation. D'un point de vue marketing, je pense que des dirigeants et dirigeantes plus diversifié.e.s au sein d'une entreprise mènent à des activités plus pertinentes d'un point de vue culturel. Souvent, les sous-cultures influencent la culture dominante et peuvent aider les marques à rester dans la course.

Quelle a été la réaction initiale d'Ubisoft à la création du GRE et quel soutien l'entreprise vous a-t-elle apporté depuis lors ?

TL : J'ai été impressionnée par le soutien que l'organisation nous a apporté en nous permettant d'agir en toute autonomie. Nous avons de la chance, car chaque fois que nous avons voulu faire appel à un ou une intervenant.e, à un ou une consultant.e, chaque fois que nous avions besoin de ressources pour organiser un événement social, Ubisoft nous fournissait toujours ce dont nous avions besoin, quand bien même les structures et les processus n'étaient pas en place. Aujourd'hui, avec la création d'une structure et d'une organisation officielles, nous espérons que les professionnels de la diversité et de l'inclusion qui rejoignent l'entreprise pourront apporter davantage de changements structurels. J'ai toujours ressenti un grand soutien de la part des professionnels de l'équipe D&I, ainsi que de l'ensemble du groupe Ubisoft.

Qu'est-ce qui vous motive lorsque vous élaborez des programmes ou des ressources ?

TL : La réussite des personnes noires. Point. Je ne fais pas ce travail uniquement pour aider Ubisoft à atteindre ses objectifs en matière de diversité et d'inclusion, mais pour la joie que je ressens chaque fois que l'un de nos membres obtient une promotion ou attire l'attention des médias pour son travail ! De plus, en tant que passionnée du marketing, j'essaye toujours de savoir comment faire participer nos membres, mais aussi de trouver des ressources qui contribuent à leur développement. Cela a été un défi et un plaisir de faire ce travail d'analyse pour comprendre la proposition de valeur du B.E.A.U. auprès de nos membres et de proposer des programmes qui répondent à leurs attentes et à leurs besoins.

Vous avez entamé ce processus il y a maintenant un an et demi. Avez-vous quelques conseils à donner aux personnes qui chercheraient à créer un groupe-ressource pour les employés noirs dans une autre entreprise ?

TL : Bien sûr. Ce n'est pas quelque chose que l'on peut faire seul, alors trouvez des collègues ou professionnels noirs qui sont prêts à retrousser leurs manches pour faire avancer les choses. Cela représente beaucoup de travail en plus, il est donc encore plus important d'avoir ce soutien et de disposer des ressources nécessaires. Il est également important d'avoir un solide soutien parmi les hautes sphères de l'entreprise, de la part des personnes occupant des postes de direction et ayant de l'influence. Ces dernières peuvent en effet contribuer à la visibilité et à la promotion de votre groupe et, espérons-le, à faire tomber les barrières. Par exemple, avant même que le B.E.A.U. ne soit officiellement créé, le meurtre de George Floyd a suscité de vives émotions et les gens ne savaient pas comment Ubisoft allait aborder cet événement. Nous en avons fait part à [Michael] Beadle, responsable du comité de marketing interne contre le racisme, qui s'est empressé d'agir. Michael Beadle a été notre porte-parole exécutif. Il nous a aidés à entrer en contact avec Yves, qui a veillé à ce que nous ayons accès à davantage de ressources pour poursuivre nos activités. Ce genre de partenaires est vraiment important pour tout ce travail. Nous apprécions et estimons vraiment nos soutiens.

Quels sont vos objectifs à long terme pour le B.E.A.U. ?

TL : Actuellement, nous avons des groupes aux États-Unis, en France ainsi qu'à Montréal et nous espérons continuer à nous développer à travers le monde. Désormais, nous organisons une visioconférence internationale une fois par mois pour communiquer entre les différents sites et parler de nos similitudes et nos différences culturelles. Nous travaillons actuellement à l'élaboration d'un logo commun, d'un site web ainsi que d'une mission et d'une déclaration de valeurs communes à l'ensemble de notre groupe.

Un autre grand objectif de notre GRE est d'améliorer la représentation des employés noirs travaillant dans les équipes d'édition et de production. Nous voulons continuer à travailler avec les responsables des RH et les dirigeants pour trouver des moyens de recruter, de fidéliser et de promouvoir les employés noirs à tous les niveaux, en particulier aux postes de direction. En définitive, si notre mission est d'enrichir la vie des joueurs et des joueuses, quel meilleur moyen d'y parvenir que de créer un lieu de travail qui reflète la diversité culturelle de notre communauté ?

*N'hésitez pas à consulter Inside Ubisoftpour découvrir d'autres articles sur les GRE prochainement.