26 March 2021

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PANDC d’Ubisoft : Hanin Fakhriddin

Je m’appelle Hanin, je suis une femme cis d’ascendance palestinienne. Je suis née en France et j’ai grandi en banlieue de Paris, où j’ai passé la plus grande partie de ma vie avant de déménager à Barcelone.

En grandissant, je me souviens à quel point j’avais du mal à me reconnaître dans les personnages et les gens que je voyais à la télé. En France, quand j’étais gamine, les gens d’origine arabe étaient représentés de manière très négative : des voleurs, des menteurs, des barbares, des tyrans ou, plus récemment, des terroristes. On nous donnait un air très agressif lorsqu’on nous dépeignait dans les films ou à la télé. Les femmes arabes, en particulier, étaient souvent montrées comme entièrement soumises (à leur père, à leur mari ou à leur frère – aux hommes en général) ou bien hystériques. Il n’y avait pas de demi-mesure.

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Quant aux sujets qui étaient importants pour moi au quotidien – mes préoccupations, mes émotions, mon expérience du racisme et ses conséquences sur mon estime de soi –, ils n’étaient jamais abordés dans les médias populaires. C’était comme si ça n’existait pas. Ce manque de références pour une femme française d’origine étrangère me faisait sentir invisible, seule, isolée et insignifiante, puisque mon point de vue n’était jamais assez intéressant pour être montré à l’écran.

Le seul endroit où je me suis toujours sentie comprise était la musique, surtout le rap, car les Français de diverses ethnies y sont plus représentés. Des sujets comme le racisme, le détournement cognitif, le déni de nos sentiments, le dilemme entre le besoin de défendre qui nous sommes et le désir d’être acceptés dans le pays où nous sommes nés – tous ces sujets qui sont si importants pour moi au quotidien car je suis perçue sous cet angle, que je le veuille ou non – sont très présents dans le rap. C’est pourquoi j’ai une profonde connexion avec cette musique, même si c’est un autre milieu où les femmes sont encore sous-représentées.

Lorsque la France a remporté la Coupe du monde en 1998, ça a été le début d’un mouvement de fierté par rapport au fait d’être un pays riche en origines ethniques, puisque l’équipe nationale de football était surnommée « Black, Blanc, Beur » (Noir, Blanc, Arabe). Mais rapidement, ça s’est estompé au profit des stéréotypes déjà mentionnés.

Cela dit, je garde espoir; je sens que les choses commencent à bouger. La diversité est enfin à l’ordre du jour. Pour plusieurs d’entre nous, c’est un soulagement de pouvoir en parler, de partager nos expériences, mais surtout que des gens écoutent notre histoire, quels que soient leur genre et leurs origines.

Tout récemment, je sens que je peux enfin m’identifier à Sabrina Ouazani, qui joue dans la série Netflix « Plan Cœur » et dans l’émission de Canal+ « Validé ». Elle incarne différents personnages dans lesquels je me reconnais réellement. Ces personnages sont plus complexes qu’avant. Dans son cas, le sujet de ses origines différentes n’est même pas abordé – c’est simplement un élément de sa personnalité, quelque chose de normal, peu importe le personnage qu’elle joue.

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Les personnages qu’elle accepte de jouer sont des femmes fortes, extrêmement indépendantes, aux personnalités très franches. Elles jurent, elles prennent de la place, elles rient fort, elles ont deux cultures et elles ont bon cœur, même si elles sont parfois maladroites. Elles ont des sentiments, des rêves, des craintes. Elles vont à contre-courant des personnages féminins que j’ai l’habitude de voir, avec lesquels j’ai grandi. Elles ressemblent davantage à qui je suis. Le fait qu’elle s’affiche sans réserve la fait vraiment briller à l’écran. Voir une femme d’origine arabe connaître le succès dans une carrière d’actrice me fait sentir plus légitime comme femme arabe et française – moi aussi, je peux réussir. Mon identité n’est pas un obstacle au succès.

J’ai aussi remarqué que certaines chaînes populaires faisaient un effort pour promouvoir la diversité, que ce soit au niveau du personnel ou par les histoires qu’elles choisissent de raconter. Les actualités M6 ont deux principaux animateurs : un homme blanc et une femme noire. Ils passent en entrevue beaucoup plus de femmes spécialistes que les autres émissions d’actualité. Ils prennent aussi le soin de refléter la diversité de notre pays dans les nouvelles qu’ils choisissent de présenter. Il y a quelques semaines, en grand titre, ils ont présenté l’histoire de deux frères jumeaux noirs , qui ont secouru un vieil homme de 80 ans de la noyade. Ils trouvent toujours des histoires qui contribuent à défaire les stéréotypes auxquels on associe les minorités dans les nouvelles : violence, pauvreté, criminalité, radicalisation, etc. Ça me fait chaud au cœur.

De nouveaux podcasts comme « Kiffe ta race » de Rokhaya Diallo et Grace Ly, toutes deux Françaises d’origine étrangère, ciblent spécialement des sujets liés à la race, sans aucune forme de tabou ou de censure (et je les recommande chaudement). Ces sujets incluent les difficultés que rencontrent les femmes non blanches au travail, les représentations sexuelles rattachées aux fantasmes coloniaux, le racisme envers les personnes asiatiques depuis la crise COVID, l’importance de la diversité dans les médias et bien d’autres. Ce sont des sujets dont je n’ai jamais entendu parler ailleurs – par des femmes qui les vivent, et pas seulement par des hommes blancs qui débattent de comment nous nous sentons ou devrions nous sentir, de nos choix de vie, de nos libertés. Être en mesure de trouver un podcast qui non seulement examine ces sujets et les met en lumière, mais qui invite des porte-parole très pertinents de la diversité et de l’inclusion à en parler – toutes sortes d’experts de toutes origines et religions – me fait sentir plus en sécurité. En sécurité, parce que je n’ai plus l’impression que c’est moi qui me trompe sur mes propres expériences. En sécurité, parce que pour la première fois, mes sentiments ne sont non seulement plus contestés, mais sont entendus et partagés. C’est grâce à ce genre de média que je peux me sentir fière de qui je suis aujourd’hui.

Le développement des médias sociaux, et les nombreux profils qui appuient la diversité et le changement, me donnent aussi de l’espoir. Le statu quo raciste doit changer; ses effets psychologiques sur les gens sont un détriment pour nous tous.

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Pour conclure, j’aimerais souligner pourquoi ceci est important pour moi. À de nombreuses reprises, je me suis senti comme si je n’avais pas ma place dans mon propre pays : la France. J’avais l’impression de devoir travailler deux fois plus fort pour « mériter » ma place, même si j’étais née et j’avais grandi dans ce pays. Quand je réussissais, les gens me rappelaient souvent que c’était principalement grâce aux possibilités que m’offraient la France, pas grâce à mes efforts, mon travail ou mon talent. Pour conclure, j’aimerais souligner pourquoi ceci est important pour moi. À de nombreuses reprises, je me suis senti comme si je n’avais pas ma place dans mon propre pays : la France. J’avais l’impression de devoir travailler deux fois plus fort pour « mériter » ma place, même si j’étais née et j’avais grandi dans ce pays. Quand je réussissais, les gens me rappelaient souvent que c’était principalement grâce aux possibilités que m’offraient la France, pas grâce à mes efforts, mon travail ou mon talent.

La représentation est incroyablement importante, car elle conditionne inconsciemment nos comportements et nos croyances en tant que société. En tant qu’employée d’Ubisoft, je considère qu’une partie de ma mission est de m’assurer que les joueurs et les individus comme moi ne se sentent pas rejetés quand ils découvrent nos jeux et nos univers. Je veux que ces gens se sentent représentés, contrairement à ce que j’ai vécu. Je crois que nous pouvons changer le statu quo et la façon dont les gens sont représentés dans nos jeux, et la place qu’ils y prennent. Je crois que nous pouvons (et que nous devons!) nous assurer que chaque personne qui entre en contact avec notre marque s’y sente en sécurité. Un sentiment de confiance, qui amène un sentiment de bonheur.

BNe manquez pas toutes les histoires de PANDC d’Ubisoft.

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