Mon nom est Tahirah Mirza et je suis la gestionnaire de contenu et de chaîne d'Ubisoft NCSA (Amérique du Nord, Centrale et du Sud). En cette période de COVID, je travaille à la maison tous les jours, mais normalement je suis au bureau de Montréal. Je travaille pour Ubisoft depuis trois ans. Je suis née et j'ai grandi à Montréal, au Québec, dans une famille musulmane d'origine pakistanaise, une religion et une culture auxquelles je m'identifie encore aujourd'hui, même si on me dit parfois qu'elles sont incompatibles avec mon identité québécoise.
Grandir à Montréal était génial sous plusieurs aspects. J'ai pu apprendre à parler l'anglais et le français, en plus de l'urdu et du pendjabi à la maison. J'ai grandi dans un foyer intergénérationnel avec mes parents, mes grands-parents, ainsi que mes oncles et tantes du côté de mon père. Mes grands-parents sont arrivés à Montréal à la fin des années 1960, et ont acheté un immeuble d'appartements dans l’espoir que leurs enfants et leurs petits-enfants l'occuperaient un jour. Ça peut faire peur à certains, mais à part quelques incidents, c'était parfait pour grandir.
J'ai réalisé très tôt qu'on me percevait comme étant différente. Je me rappelle les regards que ma famille attirait lorsqu'elle portait des vêtements traditionnels en public. Je disais aux enfants de l'école que j'étais végétarienne pour éviter de devoir expliquer que je mangeais seulement de la viande halal, un sujet controversé. Je me souviens même d'avoir dû expliquer aux autres enfants que je ne fêtais pas Noël. Ça, c'était difficile. Je ne les blâme pas du tout; c’était une volonté sincère de comprendre pourquoi certains aspects de ma vie étaient différents des leurs. Je pense par contre que leurs parents, ainsi que nos écoles, auraient pu faire mieux pour nous faire sentir à notre place en enseignant la diversité et ses avantages.
Je pense aussi que les médias et les divertissements de l'époque manquaient de diversité. J'aurais aimé grandir dans un monde où, quand je regardais un film ou que je jouais à un jeu vidéo, je n'aurais pas ressenti la tristesse et la colère qui m’envahissaient chaque fois que je voyais un personnage musulman représenté de façon négative. Je trouve que la situation s'est améliorée, et qu'il y a plus d'inclusion et de diversité en général, ce qui me donne espoir. J'aurais tellement aimé grandir à une époque où des gens comme Mindy Kaling, Hasan Minhaj et Kamala Khan de Marvel m'auraient encouragée à aimer mes différences. Je suis contente que les jeunes sud-asiatiques puissent se tourner vers ces modèles aujourd'hui.
Même si j'ai appris à aimer et à valoriser ma culture, je peux aussi voir qu'elle n'est pas parfaite. Il y a cette idée répandue, particulièrement dans les communautés sud-asiatiques, que pour réussir, il faut devenir médecin, avocat ou ingénieur. Déjà que c'est difficile pour une personne de couleur de grandir en « Occident », la pression supplémentaire de faire plaisir à sa famille pour les mauvaises raisons est drainante et dépassée. Ne vous méprenez pas, je n'encourage personne à manquer de respect à ses parents. Je pense juste que ceux-ci devraient arrêter de vouloir planifier toute la vie de leurs enfants, et plutôt leur faire confiance pour prendre les bonnes décisions.
À cause de cette vision culturelle de la réussite, je pensais que je voulais devenir médecin jusqu'à 17 ans environ. Quand j'ai réalisé que j'étais mauvaise en sciences de la santé et que je détestais la physique et la biologie, j'ai dû avoir une conversation difficile avec mes parents pour leur annoncer que je voulais aller en sciences humaines pendant mes études collégiales. C'était probablement le plus gros obstacle pour moi, parce que je ne voulais pas décevoir mes parents, mais je voulais étudier dans un domaine qui me rendrait heureuse.
Travailler dans les jeux vidéo ne semblait pas réaliste pour moi, même si je consacrais beaucoup de mon temps libre à ce loisir. C'était un de mes fantasmes de toujours, mais je n'y avais jamais trop pensé ni fait de plans, parce que je croyais que c'était inatteignable. Ça semblait vraiment irréaliste pour une jeune Pakistanaise d'entreprendre une carrière en jeux vidéo. Heureusement, mon père s'est toujours assuré que ma fratrie et moi soyons entourés des dernières consoles et des technologies de pointe, et mes parents n'ont jamais distingué mes passions de celles de mes frères juste parce que j'étais une fille. Garçons ou filles, nous étions tous destinés à devenir médecins; au moins, il n'y avait pas de discrimination de ce côté-là. Tout ça pour dire que mes parents m'ont donné leur bénédiction et ont accepté que je change de programme, après beaucoup d’insistance de ma part.
À ce moment-là, je voulais devenir avocate, parce que c'était le deuxième choix et que ça ne nécessitait aucun cours de mathématiques, ce qui était un gros plus pour moi. J'ai essayé de rendre mon CV attrayant pour la faculté de droit en joignant des clubs pour devenir leur v.-p. en marketing et communications (une façon élégante de dire que je m'occupais de leurs médias sociaux).
C'est là que j'ai réalisé que j'aimais beaucoup créer et optimiser le contenu. C'était un moment décisif pour moi, et après avoir consulté mes proches, y compris mes parents et mon mari, j'ai décidé de m'inscrire dans un programme de commerce électronique tout en poursuivant mes études universitaires. Le plus surprenant là-dedans, c'est que mes parents m'ont appuyée dans ma démarche et que ça ne les dérangeait pas vraiment que je ne devienne pas avocate. Mon père m'a offert de m'occuper des médias sociaux et du contenu de sa petite entreprise de service-conseil en informatique, ce qui m'a permis de gagner une expérience précieuse.
Je savais alors que j'aurais pu arrêter mes études en sciences politiques, mais ça restait important pour mes parents et moi que j'obtienne un baccalauréat, alors j’ai terminé le programme. Bien que je n'utilise pas mes connaissances en relations internationales et en philosophie politique dans mon emploi, mes études m'ont permis de développer mes compétences en gestion du temps et en présentation, ainsi que ma capacité à travailler en équipe.
Deux mois après avoir commencé mon programme en commerce électronique, j'ai décidé de chercher un stage. J'en ai trouvé un chez Ubisoft, qui consistait plus précisément à contribuer au contenu de l'Ubisoft Store. J'étais vraiment enthousiaste, parce que j'ai toujours été une fan d'Assassin's Creed et que je n'avais jamais vraiment envisagé de travailler dans les jeux vidéo, parce que je croyais qu'il fallait posséder un vaste éventail de compétences techniques et être un développeur ou quelque chose du genre. J'ignorais totalement qu'il y avait des équipes et des rôles divers dans l'industrie.
J'ai soumis ma candidature sans croire que j’obtiendrais le poste. Il devait y avoir des centaines de candidats avec bien plus d'expérience que moi. Je n'y croyais pas du tout, mais je n'avais rien à perdre. J'ai postulé, et on m'a appelée pour une entrevue téléphonique le lendemain. Le processus d'entrevue a été très rapide, et j'ai commencé à travailler comme adjointe au marketing numérique pour l'équipe de marketing d'Ubisoft Canada moins de trois semaines plus tard. À la fin de mon stage, j'ai été embauchée par l'équipe de marketing numérique d'Ubisoft NCSA, et j'adore mon emploi depuis. Je suis fière de pouvoir dire que mon travail m'apporte un réel bonheur.
Donc, qu'est-ce que je fais exactement, et pourquoi ça me rend heureuse? Je suis gestionnaire de contenu et de chaîne, et ma principale responsabilité est de m'assurer que tous nos médias sociaux sont en bon état et respectent les pratiques exemplaires les plus récentes de chaque plateforme. De plus, une partie de mon rôle est d'entretenir une relation étroite avec nos représentants sur les différentes plateformes de médias sociaux, comme Twitter, Facebook ou Instagram, ainsi que sur les plateformes de diffusion en direct et de vidéo sur demande, comme YouTube et Twitch. Je gère aussi une équipe de coordonnateurs de contenu qui publie tout le merveilleux contenu que vous voyez sur nos pages. Notre rôle n'est pas seulement de publier du bon contenu, mais aussi de s'assurer qu'il performe bien en produisant des rapports sur la compétitivité, ainsi qu'en analysant nos données de plateformes pour trouver la recette parfaite pour les points névralgiques de toutes nos marques.
Cet emploi me rend vraiment heureuse, et je suis pleinement épanouie pour plusieurs raisons. La première, c'est que j'apprends de nouvelles choses tous les jours. J'adore travailler dans le monde numérique, parce qu'il est en constante évolution. J'aime aussi avoir la responsabilité d'une équipe. Je ne pensais pas que c'était possible de faire ça à mon âge, alors je suis vraiment reconnaissante de pouvoir non seulement gérer les membres de mon équipe, mais aussi les guider, les motiver et les aider à s'épanouir professionnellement. Finalement, j'aime partager les connaissances de notre équipe sur les médias sociaux avec nos équipes interfonctionnelles et les voir appliquer nos conseils sur les pratiques exemplaires. Ça démontre la valeur de notre travail et l’influence que nous avons sur la façon de partager le contenu avec le monde.
Je pense que mon accomplissement préféré jusqu'à maintenant, c'est que mon nom figure dans les crédits du jeu Assassin's Creed Odyssey. Ça a été le moment où j'ai réalisé que je faisais partie d'Ubisoft et que j'avais une influence sur cette franchise que j'avais toujours adorée. Une autre réussite dont je suis très fière, c'est de contribuer à nos diffusions en direct et aux événements majeurs, comme l'E3 et Ubisoft Forward, du point de vue des médias sociaux et des plateformes. J'aime pouvoir opérer ces événements en direct, avec tout le monde qui les regarde et qui interagit en temps réel. Enfin, je suis très fière du chemin que j'ai parcouru chez Ubisoft. J'ai commencé comme stagiaire, et maintenant je gère une équipe; c'est tout un accomplissement!
Je ne pense pas que mes choix de carrière auraient été les mêmes sans mon mari, Daniel. Il m'a toujours encouragée à faire quelque chose que j'aimerais et qui me passionnerait réellement. Il me posait des questions qui m'amenaient à réfléchir à ce que je voulais comme carrière, et m'a fait décrire les étapes à franchir pour atteindre mes objectifs. C'est lui qui, au bout du compte, m'a poussée à obtenir un certificat en gestion de commerce électronique et m'a aidée à gérer efficacement mon temps entre mon baccalauréat, mon certificat et mon emploi à temps partiel. J'avais BEAUCOUP de pain sur la planche, mais Daniel était là pour s'assurer que je gardais mes objectifs en tête.
Les défis auxquels j'ai fait face en grandissant à Montréal ont pavé la voie qui m'a menée où je suis aujourd'hui. La ville m'a fourni l'éducation dont j'avais besoin, l'emploi parfait dont je rêvais, un partenaire de vie, et un foyer. Mais surtout, elle m'a appris qu'être différente, c'est humain.
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